Déclaration de la présidente des OUI Québec à l’égard de l’élection fédérale

OUI Québec

Prononcée à Trois-Rivières le 7 septembre 2019
Je ne suis pas certaine qu’en 2019, les Québécoises et les Québécois aient beaucoup le goût de se faire souffler à l’oreille comment voter. Je suis certaine d’une chose cependant, même si on s’époumonait à le faire, malheur de malheur, on n’aurait pas l’impact recherché. De ce côté, on a beaucoup à apprend re de la Catalogne et de la force de sa société civile.
Cela dit, une organisation citoyenne comme les OUI Québec, qui aime profondément le Québec et qui croit fondamentalement que son avenir passe par l’indépendance, ne peut rester indifférente face à  l’élection fédérale. Elle a le devoir de s’impliquer et de faire œuvre utile.
Nous proposons donc aujourd’hui une réflexion que l’on compte décliner sur toutes les tribunes et sur toutes nos plateformes d’ici le 21 octobre prochain.
Il s’agit de répondre à la question suivante : quel sens revêt une élection fédérale pour la nation québécoise et où se situe notre intérêt national ? Force est de reconnaître que dans les vingt dernières années, les réponses des Québécois-es ont considérablement varié. Nous sommes mûrs en 2019 pour faire le point et actualiser sans détour cette réflexion. Ce sera notre contribution principale.
Dans le sillage de Meech, les repères étaient faciles à trouver. À l’approche d’un référendum et tant qu’on a pu croire à l’imminence du match revanche, on comprenait qu’il ne fallait pas laisser toute la patinoire aux fédéraux et que nous devions compter sur des député-es indépendantistes à Ottawa pour faciliter le passage d’un Québec province à une république libre.
Puis, le brouillard s’est installé. Les partis fédéralistes ont multiplié les sophismes pour faire croire aux Québécois qu’il n’y a aucun risque à voter pour eux. Deux messages subliminaux traversent dès lors  leur discours :

  1. L’intérêt du Québec ne peut être que bien servi par la politique canadienne.
  2. La question de l’indépendance ne se joue pas au fédéral et tout est au beau fixe entre les référendums.

Les Libéraux, les Conservateurs, les Néo-démocrates et les Verts renforcent ce message et répètent à satiété leur mantra. Trudeau prétend qu’il ne nous achale plus avec la Constitution. Scheer ajoute que son parti est respectueux des compétences du Québec. Le NPD sort sa cassette avec la Déclaration de Sherbrooke. Enfin, les Verts expliquent que l’environnement n’a pas de frontière… tous pour un et un pour tous !
Que les partis fédéralistes se cachent derrière des parades, c’est de bonne guerre. Là où ça devient ahurissant, c’est quand on constate que nombre de Québécois-es finissent par tomber dans le panneau, alors que ces thèses sont fausses, archi-fausses !
Venons-en aux faits. Certes, l’indépendance ne se fera pas à Ottawa. Cependant, un député indépendantiste de plus, c’est un député de moins pour brouiller les cartes et berner les Québécois. Un député indépendantiste de plus, c’est quelqu’un de plus pour faire de l’animation politique. Voilà qui n’est pas rien quand on réalise les moyens dont dispose un député fédéral.
Enfin, l’intoxication la plus pernicieuse, c’est de croire que rien ne se passe entre les référendums et que jamais le Québec ne peut y perdre dans les décisions qui se prennent à Ottawa.
La Davie, le bois d’œuvre, l’industrie laitière, le bilinguisme dans les entreprises fédérales, le multiculturalisme, le CRTC,  les pouvoirs de l’Office national de l’énergie, le cannabis et j’en passe, tout ça, tout d’un coup, c’est comme ça n’existait plus !
On aura beau rêver d’une élection normale où l’on pourra sereinement décider ce qui est le mieux pour l’avenir du Québec, une élection fédérale ne sera jamais, pour les Québécoises et les Québécois, une élection normale. 
La raison est simple. Les partis pancanadiens se présentent pour construire le Canada et un parti indépendantiste au fédéral est là pour défendre le Québec : deux mondes, deux visions, deux blocs d’intérêts.
Il est faux de penser que rien ne se passe quand il n’y a pas de crise constitutionnelle. La constitution canadienne continue de s’appliquer au rythme du partage des pouvoirs et des ressources. Pour prendre la mesure des reculs des dernières années, rappelons simplement que le Québec finance la pétro-économie canadienne et paie sa part du pipeline, alors qu’il manque cruellement de ressources pour s’imposer comme un leader en économie verte. Nos artistes sont même rendus à se tourner vers le fédéral pour sauver la culture québécoise ! Et le fédéral continue de prendre le contrôle sur la recherche dans nos établissements d’enseignement.
Il est grand temps qu’on se réveille et qu’on se demande pendant encore combien d’élections nous pourrons prétendre pouvoir prendre congé de la question nationale ! À l’heure où non seulement le fédéral, mais aussi les Jason Kenney et Doug Ford sévissent, la question se pose avec d’autant plus d’urgence et d’acuité encore.
L’heure est venue de nommer les choses et de cesser de jouer à l’autruche. Après quoi, nous nous en remettons en toute confiance aux Québécoises et aux Québécois qui feront la bonne lecture de leurs intérêts collectifs.
Espérant ces réflexions utiles à l’action.

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