Il y a cinquante ans, à 4 h du matin, l’armée canadienne marchait sur le Québec.
Sans même consulter leurs parlements, les premiers ministres du Canada et du Québec retiraient leurs droits les plus fondamentaux à toutes les Québécoises et tous les Québécois en promulguant, en pleine nuit, la Loi sur les mesures de guerre. Une prise de pouvoir unilatérale du gouvernement fédéral qui ne faisait «pas face à la réalité», pour reprendre les mots du chef néo-démocrate de l’époque, Tommy Douglas.
Loin d’avoir pour cible l’éradication du terrorisme, la Loi des mesures de guerre s’est acharnée à semer la peur en s’attaquant sans fondement aux militants indépendantistes, en effectuant près de 500 arrestations arbitraires et des milliers de perquisitions aucunement justifiées. Certains témoignages décrivent même de véritables scènes de torture, alors qu’on est allé jusqu’à faussement annoncer à des prisonniers politiques, sans aucun procès, l’heure de leur exécution.
Pour les premiers ministres, la défense de «la démocratie menacée» justifiait ces actes. N’est-il pas ironique qu’à un projet de liberté le Canada ait réagi en suspendant les droits et libertés de ses citoyennes et de ses citoyens ?
Octobre 1970 peut nous paraître bien loin, pourtant, rien n’est réglé. Nos institutions sont toujours injustes, violentes, inaptes à reconnaître et à enrayer les déséquilibres et la souffrance qui affectent pourtant toujours profondément notre société. Nos gouvernements sont, encore et toujours, incapables d’entendre et d’agir pour que se réalise la volonté manifeste de progrès et de justice sociale que nous réclamons.
Contre la violence d’octobre 1970, le peuple du Québec a choisi la voie de la démocratie en portant bien haut un projet d’indépendance pacifiste, progressiste, inclusif et féministe. Aujourd’hui, plus que jamais, ce projet est une nécessité, car cinquante ans après la crise d’Octobre, la «démocratie» à la canadienne méprise toujours la liberté et réprime toute aspiration d’autonomie